Un portrait d’Henri et d’Achille Duchêne dans P.A.J. patrimoine architecture jardins, le magazine digital du patrimoine, par Delphine Duchêne.
Grâce à leur puissante sensibilité esthétique et à une clientèle acquise à leur cause, les architectes-paysagistes Henri et Achille Duchêne ont remis au goût du jour les jardins du Grand Siècle jusqu’à les faire entrer, paradoxalement, dans la modernité.
Extrait : Pour clôturer notre série sur les Tuileries et l’art des jardins, à l’occasion de la campagne Tous Mécènes ! des Tuileries, Emmanuelle Héran revient sur l’histoire de la redécouverte des jardins à la française au début du XXe siècle, illustrée par le style français des paysagistes Henri et Achille Duchêne.
Par Lucien Jedwab dans Le Monde/Blog Côté cour(s), côté jardin(s), 17 octobre 2020. Lire l’article
Extrait :
Le « salon de Madame », l’exceptionnel treillage de jardin du château de Champs, en Seine-et-Marne, vient d’être entièrement restauré, avec son décor végétal, ses bustes représentant les Quatre Saisons et son mobilier. Il avait été conçu au début du XXe siècle, à l’époque du renouveau de l’art des jardins dits « à la française », pour Louise, l’épouse du banquier Louis Cahen d’Anvers, par le paysagiste Achille Duchêne (1866-1947). Ce dernier venait, à la suite de son père Henri, de redessiner le parc selon le goût des nouveaux propriétaires du domaine, acquis en 1895. Déjà, un parc à l’anglaise avait remplacé au XIXe siècle les jardins réguliers de la princesse de Conti, dessinés par Claude Desgots, un parent… et élève d’André Le Nôtre, le « jardinier » de Vaux-le-Vicomte, de Chantilly et de Versailles.
Cette restauration exemplaire, menée sous la responsabilité du maître menuisier Jean-Marc Darde, fait suite à une longue période de détérioration due à l’exposition aux intempéries et à la fragilité de l’imposant treillage. L’ architecture de celui-ci, faite de croisillons de bois de châtaigner dont la peinture avait passé, menaçait de s’effondrer. (…).
L’ exposition « Versailles Revival », qui se tient dans les salles d’Afrique et de Crimée du château jusqu’au 15 mars, raconte, reconstitutions, tableaux et documents à l’appui, la renaissance du domaine après un long sommeil, dès le second Empire jusqu’au cap symbolique du premier million de visiteurs en 1937, l’année de l’Exposition universelle. Entre-temps, la République y aura installé ses Assemblées, qui y siègent encore aujourd’hui réunies en Congrès. Une des sections de « Versailles Revival » rappelle par ailleurs l’engouement pour les jardins de Versailles apparu à la « Belle Epoque » – et qui n’a cessé de croître depuis. Et met en scène des écrivains comme le dandy Robert de Montesquiou, Marcel Proust ou Maurice Barrès, qu’inspirait la saison automnale dans les bosquets et les allées du parc. (…) Talentueux représentant de la « renaissance du jardin français » avant 1914, le paysagiste Achille Duchêne (1866-1947), continuateur du travail de son père Henri, s’attacha, lui, à restaurer ou à créer pour une clientèle fortunée des jardins dans la lignée de Le Nôtre. Vaux-le-Vicomte avec ses parterres, Champs-sur-Marne ou Condé-sur-Iton avec leurs treillages remirent au goût du jour le jardin régulier inspiré de Versailles. Ce modèle, Achille Duchêne l’exportera outre-Manche, à Blenheim, pour la propriété du duc de Marlborough, avant de dessiner, après la première guerre mondiale et la crise de 1929, des projets à visées sociales mais toujours puisés aux sources du classicisme. Des spectacles pyrotechniques dans le style des fêtes données à Versailles pour Louis XIV et ses invités firent partie de ses projets, dont ceux réalisés pour l’Exposition universelle de 1937, avec la mise en lumière de la tour Eiffel. (…).
Par Lucien Jedwab dans Le Monde/Blog Côté cour(s), côté jardin(s), 20 mars 2018. Lire l’article
Extrait :
Evénement exceptionnel, avec ses enjeux économiques, politiques et diplomatiques, la dernière grande Exposition organisée en France eut pour maître de cérémonie le paysagiste Achille Duchêne.
L’Exposition internationale de 1937 consacrée aux « arts et techniques dans la vie moderne », qui accueillit en son temps… 31 millions de visiteurs, fait aujourd’hui elle-même l’objet, jusqu’au 12 mai, d’une (plus modeste) exposition à la bibliothèque universitaire de Saint-Quentin-en-Yvelines.
La figure centrale en est Achille Duchêne (1866-1947), un paysagiste à la notoriété alors bien établie. Celui-ci avait pris la succession de son père, Henri Duchêne, après lui avoir été associé. Il avait dessiné et créé, restauré ou réinventé des centaines de jardins de l’aristocratie et de la grande bourgeoisie – dont une grande partie ont pu être préservés jusqu’à aujourd’hui. Parmi ceux-ci, Vaux-le-Vicomte, Champs-sur-Marne ou Breteuil. Mais aussi Condé-sur-Iton, Courances, Voisins, Royaumont, Blenheim, en Angleterre, ou les jardins de l’hôtel de Matignon.
Achille Duchêne fut sollicité en 1937 pour être « maître de cérémonie et grand initiateur des fêtes somptueuses données à cette exceptionnelle occasion », nous rappelle son arrière-petit-fils, Michel Duchêne, qui a prêté de nombreux objets et documents pour l’exposition. Achille Duchêne s’acquitta de sa tâche avec talent, dans le contexte de tensions sociales et diplomatiques de l’époque. Colossal, le chantier de l’Exposition avait pour épicentre le nouveau palais de Chaillot, avec les jardins (dessinés par Achille Duchêne), l’aquarium, les bassins et les fontaines du Trocadéro. (…)
Un article de Daniel Lejeune dans le magazine Jardins de France, juillet-août 2013, #624.
Sans la famille Duchêne, Le Nôtre ne connaitrait peut-être pas sa gloire d’aujourd’hui. Henri et son fils Achille ont permis de retrouver le fameux style de jardins « réguliers » après une époque où ce genre était rejeté en faveur de scènes paysagères et de symboles philosophiques. A l’origine de la renaissance du parc de Vaux-le-Vicomte, les Duchêne sont acteurs de bien d’autres résurrections.
« Magnifiques quand ils sont biens placés en rehaussant la beauté naturelle des jardins ». C’est ainsi qu’Antoine-Joseph Dézallier d’Argenville définissait les treillages. Il est vrai que ces éléments contribuent beaucoup au décor d’un jardin.