Préface du livre « Le style Duchêne »
Rendons hommage au premier de la lignée : celui qui, sa vie durant, fut tellement amoureux fou du chêne qu’il en garda le nom.
Les siècles passèrent. Le caillou, au sens diamant, de la réputation familiale, bondissant dans le torrent des générations, roula joyeusement jusqu’à Henri Duchêne et à son fils Achille.
Quel noble atavisme ! Le bel ordonnancement ! Les Duchêne auraient-ils pu laisser une telle trace s’ils s’étaient appelés Dupont, Duval ou Dumas ? Je pense que non. Ces princes avaient l’art du jardin dans le sang, ou mieux dit, dans la sève. Leur talent les a grandis pour toujours, les hissant bien au-delà des futaies qu’ils surent édifier, avec en contre-chant, des buis gracieux, aux douces arabesques.
De l’ordre dans les jardins des Duchêne ? Partout. Du désordre ? Tout autant. Jeu subtil de deux raisons. Celle qui appartient aux cieux, celle qui vient de la terre. Là-haut, tout est géométrie, Ouranos veille sur les innombrables galaxies aux révolutions précises et lentes. Ici-bas, le plus humble des habitants de la terre mène sa vie foisonnante, délectable. L’air pur se réjouit d’embrasser d’un zéphyr l’enveloppe vibrante de la terre. Tout chante. Harmonie et mélodie.
Pour le bonheur des jardins des Duchêne, il faut de l’ordre, mais aussi des nuages jouant sous le soleil.
Pour la gloire des jardins des Duchêne, il faut en plus, l’amour de Michel Duchêne, cette pousse contemporaine du Chêne familial. Il entraînera le vingt et unième siècle dans l’admiration des œuvres de ses prédécesseurs qu’il aime si fortement.
Jean-Louis Dumas
Président d’Hermès
