Henri Duchêne

Henri Duchêne 1841-1902

Fils d’un important notaire, Henri Duchêne est né à Lyon en 1841 et vint à Paris en 1854. Il se fit admettre au conservatoire des Arts et Métiers où il remporta toutes les récompenses. Il venait de passer les examens d’admission à l’École Centrale en 1860 lorsqu’il perdit son père. Homme de culture, il s’adonnait aux études littéraires et philosophiques. Il écrivait dans diverses publications dont la Revue de Paris et remporta un prix de comédie pour une pièce de théâtre. Il réalisa un dictionnaire oriental traitant des questions de l’art et des langues pendant l’Antiquité. Grand collectionneur d’objets d’arts, il se passionna pour l’architecture, ce fut pour lui une révélation. Ingénieur des Arts et Métiers, possédant à fond la science du dessin, il entre à la ville de Paris aux côtés de M. Darcel, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées qui ne tarda pas à le remarquer. Il devint dès lors son intime collaborateur pour la création des projets de squares et promenades de la ville de Paris. C’est à cette époque que commençaient les grandes transformations de la ville de Paris dirigées par Alphand. Il quitta en 1877 les services de la ville de Paris. Intronisé par l’architecte Samson il se tourna vers l’étude des parcs et des jardins pour une prestigieuse clientèle privée où d’emblée il se révéla hors pair.

portrait Henri Duchêne
Henri Duchêne vers 1893. Peinture de L. Delitz, huile sur bois. © Association Henri & Achille Duchêne, Fonds Duchêne.

Sous Napoléon III, c’est le triomphe du jardinage et de l’horticulture, « c’est l’invasion des petites suisses vallonnées, des quatre courbes adossées au château avec des corbeilles exhaussées sur les côtés et des mamelons surmontés de groupes d’arbres destinés à accentuer les lignes de vues. On se pâme sur une opposition de negundo avec un groupe de noisetiers ou de hêtres pourpres ; on délire lorsque la vue principale tombe sur une pièce d’eau aux bords archi-mouvementés avec son inévitable rocher et sa rivière tortueuse aux multiples barrages de rocaille. On est allé aussi loin qu’on pouvait aller : vallonnements exagérés, fausses rivières à fond de ciment, grotte en simili rocher, kiosques en série » (Henri Duchêne, correspondance, 1882). Imbu de l’idée que l’artiste qui adapterait les jardins d’autrefois au goût du jour ferait œuvre de créateur, Henri Duchêne en 1882 renoua avec la tradition en ce qu’elle avait de trop exclusif. Il retourna aux anciennes formules et ramena le jardin à sa conception architecturale, en l’ordonnant d’après les axes de la maison, conception qui ne satisfaisait pas tous les goûts d’alors. Il compulsa les vieux et précieux recueils dont il s’entourait, consulta le passé, étudia le style des jardins de chaque époque. Il s’appliqua, selon les cas, soit à composer des jardins de style, soit à restaurer ceux qui auraient pu être dénaturés, soit même à reconstituer les ensembles que, dans tant de propriétés, on avait aveuglément détruits pour les transformer en jardins paysagers.

Les parterres de style furent critiqués au début ; on les opposait aux jardins gais et fleuris, on leur reprochait leur majesté, l’apparente sévérité de leurs lignes, leur caractère et leur décor d’architecture. Mais ce ne fut que momentané, très rapidement ces jardins satisferont à la fois le goût, le regard et la raison par leur noblesse, par l’élégance française d’une époque qu’ils synthétisaient admirablement.

Dévoré par son travail, ses recherches et ses lectures, assidu à exécuter sa tâche pour ses clients qu’il aimait comme des amis, Henri Duchêne se surmena. Frappé d’hémiplégie en 1899, il travailla cependant encore trois ans avant de s’éteindre dans sa maison de campagne à Lorient.

signature Henri Duchêne