Joseph Laforcade 1826-1914
Horticulteur et paysagiste, il a été l’une des figures les plus importantes de l’école française de paysagisme de la seconde moitié du XIXe siècle.
Né en 1826 à Saint-Barthélemy (Landes) d’une famille de laboureurs, Laforcade se forme à l’école d’horticulture fondée par le paysagiste Jean-Pierre Barillet-Deschamps à la colonie pénitentiaire de Mettray. D’abord élève, puis élève moniteur, il se fait rapidement remarquer par son enseignant qui, autour des années 1840, l’invite à le rejoindre à Bordeaux où il a ouvert un établissement horticole consacré à la culture et à l’acclimatation de plantes exotiques.
Cette expérience bordelaise s’arrête en 1855, quand Laforcade suit à Paris Barillet-Deschamps, appelé par le préfet Eugène Haussmann pour réaliser les plantations du bois de Boulogne et pour conduire les travaux d’horticulture du nouveau service des Promenades et Plantations dirigé par l’ingénieur des ponts et chaussées Adolphe Alphand (1817-1891). C’est le début d’une longue carrière au service de la Ville de Paris, où l’horticulteur travaille au sein d’une équipe composée de techniciens et d’artistes spécialisés dans l’aménagement des promenades et jardins publics, parmi lesquels Henri Duchêne, chef d’études du bureau de l’ingénieur en chef des Promenades et Plantations. Pendant quarante ans, d’abord en tant que jardinier principal, puis jardinier en chef, Laforcade participe à la création de la plupart des parcs, jardins, plantations et pépinières de la capitale. Citons, par exemple, la plantation des jardins des Champs-Élysées, de l’avenue de l’Impératrice (actuelle avenue Foch), du square des Batignolles et du parc des Buttes-Chaumont (avec le paysagiste Édouard André, à l’époque également employé auprès du service municipal).
Mais sa carrière prend véritablement son envol après le départ de Barillet-Deschamps, en 1868, quand il se voit confier la direction du Fleuriste de la Muette et il entame une activité de concepteur, tant au sein de l’administration municipale qu’en libéral. À Paris, il réaménage les jardins du Champs de Mars et du Trocadéro après l’Exposition universelle de 1878, il dessine – parmi d’autres – les jardins de Montmartre, du canal Saint-Martin et du musée Galliera, ainsi que les squares du Vert-Galant, des Épinettes et des Arènes de Lutèce. En 1886, en outre, il est nommé par Adolphe Alphand jardinier en chef de l’Exposition universelle de 1889, pour laquelle il conçoit tous les jardins du parc. En ce qui concerne les réalisations hors Paris, en 1891 collabore avec Adolphe Alphand à la révision du projet pour le boulevard des Pyrénées à Pau, il conçoit le square de la Comédie à Épernay et intervient sur le chantier du parc Barbieux à Roubaix.
À l’étranger, ses deux projets les plus connus sont les abords du palais fédéral de Lausanne et le parc du Belvédère à Tunis (1892), qui le consacrent comme l’un des « maîtres de l’école moderne » de l’art des jardins, selon les mots du paysagiste Eugène Deny.
Texte rédigé pour le site de l’Association Henri & Achille Duchêne par Chiara Santini, professeure d’Histoire des jardins et du paysagisme à l’École nationale supérieure de paysage de Versailles (ENSP).